Bien qu'il voyageât d'ordinaire en selle sur ses montures, le duc de Nevers fit cette fois-ci exception et voyageait en voiture. C'est qu'il était depuis deux jours tout entier consacré à la rédaction de son Mémoire sur l'opinion publique en régions de Bourgogne et de Champaingne pour servir à l'instruction des générations futures ; et il ne lui était guère facile d'écrire tout en tenant les rênes. Le duc de Nevers se faisait conduire par le Gros Gimont, l'homme à tout faire qui ne savait rien faire. Gimont, qui n'avait guère le sens de la nuance et de l'esprit, avait foncé bille en tête lorsque Charles lui avait ordonné de se rendre prestement à Reims, sans songer que vitesse devait rimer avec douceur. Et à chaque halte, chaque carrefour, Charles de descendre et de venir molester Gimont d'un coup de mémoire relié de cuir ou de lui administrer la bastonnade. Et Gimont de rester à chaque fois incrédule : "Mais y m'a d'mandé d'aller vite".
Tandis que la voiture de Charles ralliait à grand roulement d'essieux le domaine des Appérault, le duc de Nevers la si importante page cent quatre-vingt douze, celle relative à la révolte des Pastoureaux. La voiture immobilisée, le duc de Nevers en descendit prestement, regarda vers Gimont, qui détourna immédiatement la tête et fit mine de regarder les arbres en contrebas à la recherche d'ortolans dodus, et dit à la cantonnade :
Bon.