Arrivée du Père François.

Curieux équipage que celui qui se présente ce matin aux portes de domaine de Meaux. Un nain, le crâne embroussaillé d'une maigre chevelure hirsute, chargé de plusieurs ballots emmaillotés sur son dos, guidait un âne sur lequel se dandinait un vieil homme emmitouflée dans une épaisse robe noire.
Un chapeau sombre et le bandeau qu'il portait sur le visage ne laissait pas de toute sur sa condition d'infirme.

Alors que les premières bâtisses du domaine du Vicomte San Antonio d'Appérault apparurent au détour d'un chemin, le nain s'adressa à son compagnon chapeauté :

Oula, ben dite moi donc....c'est pas de la petite bicoque c'tte affaire là!! Pas que je veuille dire que d'habitude vous fréquentiez des troupeaux de gueux..mais là....

L'aveugle, du haut de son destrier d'infortune lui répondit :

Mon ami, nous n'allons pas en visite chez un petit nobliaux champenois...Nous entrons sur les terres d'un seigneur comme le royaume en connait peu. J'espère que vous saurez vous tenir en ce lieu. Nous nous y rendons pour études, prière et pour servir les gens de cette grande Maison. Evitez vos sautes d'humeurs ...Et soyez une plume habile, comme vous savez le faire.

Pour toute réponse, le scribe hocha la tête et s'employa à décrire l'entrée du domaine. La grande allée, les tours et les bâtiments...la description se termina sur l'oriflamme aux couleurs de la maison Appérault qui claquait au vent sur la plus haute tour.
oriflamme dont les couleurs se retrouvait sur la tenue du garde qui allait à leur encontre.

Deux gardent surveillaient l'entrée du château, installés dans une étroite niche taillée dans les murailles ; elle protégeait les gardes en faction contre les intempéries de l'hiver et offrait un coin de fraîcheur en été. Depuis ce poste, qui donnait un point de vue imprenable sur la route menant au château, les gardes contrôlaient les allers et venues des visiteurs. Nul ne pouvait entrer par la grand porte sans s'être annoncé.

Le spectacle qui s'offrit aux gardes ce jour-là était assez inhabituel. D'une démarché chaloupée, un nain, chargé comme une mule, guidait un âne sur lequel se dandinait un vieil homme à l'allure ténébreuse.

Un des gardes s'avança vers le curieux équipage :

Halte là. Où vous allez comme ça ? J'vous préviens, on n'a pas b'soin d'mendiants, d'amuseurs ou d'oiseaux d'mauvaises augures par chez nous.

Malgré l'importance du domaine et la réputaion du seigneur du lieu, le Père François ne put s'empêcher de maugréer face au manque de manière du rustre. Mêlant le geste à la parole il descendit de l'âne.

Allons mon fils ne voyez pas quelconques augures bonnes ou mauvaises, là où il n'y a que l'arivée d'un ministre du Très-Haut.

Une fois à terre, il s'appuyait sur sa canne, à lauqelle était accroché la médaille verte d'Aristote.

Allez donc plutôt dire à votre seigneur que l'archidiacre de Compiègne et son secrétaire sont arrivés. La route fût fort désagréable, comme toujours! Si au moins nous avions pu trouver un cheval, ou mieux un attelage. Mais non, avec cette maudite guerre, tout est au nord! Allons, allons ne trainons pas, je souhaiterai trouver un peu de repos!

A son secrétaire :

Montrez-lui donc le parchemin apposé du sceau du Vicomte. A défaut de reconnaitre un homme d'Eglise, peut être que cela lui donnera un peu plus de vivacité d'esprit.

Sans attendre la réponse du soldat, le Père, guidé par son bâton, prit les devant, pendant que Bouglur essayait de faire comprendre, à grand peine, que tous deux étaient attendus en ce lieu.

Le vieilllard descendit de sa monture, se présenta comme un homme d'église et continua son chemin sans attendre l'approbation du garde. Ce dernier n'était pas d'humeur à se laisser marcher sur les pieds par une vieille souche et une demi-portion. Mais avant même de prononcer la moindre mise en garde, le nain lui colla sous le nez un parchemin scellé par le Vicomte et tenta de lui expliquer qu'ils étaient attendus. Le garde comprend assez vite, il avait juste fallu lui expliquer longtemps. Il ravala sa fierté et finit par répondre aux nains :

Aujourd'hui c'est jour d'audience, présentez vous dans la grande salle, le Vicomte vous y recevra.
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