Le voyage s'annonçait fort long. Louis ne dit guère de mot, en allant à Meaux, par monts et par vaux. Durant le voyage, il sentit un contact sur sa main. Sa nouvellement épouse avait pris la sienne, et la serrait à présent. Il posa un instant le regard sur ces deux mains unies, prolongement direct de leur union prononcées dans la cathédrale. Elle, qui avait été si froide ces derniers jours, ce qu'il ne pouvait que comprendre, voilà qu'elle lui prenait la main. Surpris, il fut bientôt touché par ce geste, même s'il n'était pas certain de comprendre les motifs exacts. A présent ils seraient deux. Pour affronter la suite des épreuves des jours à venir, ils seraient deux, ainsi que pour la vie à venir. Que ce soit une prise de main réelle, physique, ou bien virtuelle, mentale, ce geste avait toujours signifié un soutient à venir, un soutien lorsqu'il était trop jeune pour se débrouiller seul, un soutien pour une épreuve. Ce contact des deux mains lui apportait bien plus de chaleur qu'autre chose. Après quelques jours de mutisme, peut être allait-elle s'ouvrir un peu. Oh, Louis n'espérait pas un grand amour, celà n'arriverait sans doute jamais. Mais, au moins, une entente cordiale, et un soutien mutuel pour les épreuves de la vie. C'était là l'essentiel pour l'instant. Il leva le regard, et sourit, sans naïveté, sans niaiserie, juste un sourire, franc, et simple. Sans doute ne l'apercevrait-elle pas.
Le voyage durant encore un bon moment avant d'arriver dans la cour du castel meldois. La porte s'ouvrit, il était temps de descendre. Avant de se lever et de précéder son épouse, Louis, mut par une subite idée, ouvrit la bouche et dit quelques mots :
"- Damoiselle Marguerite...Je ne prétend pas être en mesure de vous offrir un amour de conte, cependant, j'espère que vous pourrez connaître un peu le bonheur, et je m'y efforcerai."
Il laissa alors la main, temporairement sans doute, pour descendre. Il resta cependant là, attendant la demoiselle, pour l'aider à descendre, et la mener dans la grande salle.